Le Tchad n'est pas sorti de l'auberge. Depuis la fin de la guerre civile en 1979, le Pays de François Tombalbaye n’a jamais été confronté aussi à une telle cruauté. Le jeudi 20 octobre 2022 au Tchad, une manifestation civile non armée tourne au drame. Les forces de l’ordre répriment dans le sang des citoyens qui réclament au président de transition Mahamat Idriss Deby Itno, le respect de sa parole d'homme. Celle de rendre le pouvoir à un civil aux termes de 18 mois de transition.
Jusqu'au 19 octobre 2022, des citoyens tchadiens ont compris le silence de Mahamat Idriss Deby Itno comme une confiscation du pouvoir par l'armée. Le 20 octobre, les manifestants descendent dans les rues. Les armes crépitent, il s'agit de la garde présidentielle qui est entrée en action pour étouffer dans l'œuf toute contestation.
Le bilan est extrêmement lourd. La société civile et l'opposition parlent de plus 150 à 300 morts et de plus de 500 blessés, dont plus de 1000 arrestations. La « promesse » non tenue plonge le pays dans une répression violente et aveugle des forces de l’ordre, dirigée par le CMT, le Conseil militaire de transition, dirigé par Mahamat Idriss Deby Itno, ayant pris le 20 avril 2021 après le décès soudain du président Idriss Deby Itno père, en fonction depuis trois décennies.
Deby père est mort à la suite d'un affrontement entre les forces loyalistes de l'armée nationale tchadienne et les éléments rebelles du Front pour l'Alternance et le Changement (FACT). Les combats ont eu lieu à environ 300 kilomètres dans la province du Kanem. Nous sommes au Nord-Ouest de la capitale du Tchad.
Dr Succès Masra, principal opposant, dont le discours est basé sur un appel à l'unité à travers la justice et la légalité et sur des propositions concrètes pour aider à sortir le pays du sous-développement, a informé le monde entier en temps réel sur les violences perpétrées contre les civils. Et sur des banderoles et des pancartes des manifestants, on peut lire : « Vous avez promis dix-huit mois, dix-huit mois, c’est aujourd’hui ou jamais. »
Saleh Kebzabo, Premier ministre de transition, dans une conférence de presse, rassure que la situation est sous contrôle. Il annonce un bilan de 50 morts et 300 blessés. Les autorités accusent les manifestants d'une insurrection qui vise à renverser le Pouvoir. Les partis politiques appelant à la manifestation sont interdits pour 90 jours.
Parmi les victimes figure Oredjé Narcisse, journaliste à la radio du Centre d’études et de formation pour le développement (CEFOD). Il est tué à bout portant devant chez lui. Un couvre-feu est instauré. Mais l'armée enlève nuitamment des citoyens, parmi lesquels le journaliste Service Ngardjelay, directeur de la Webradio panafricaine. Resté introuvable.
L'opposant, Dr Succès Masra, a saisi la Cour pénale internationale à travers ses avocats, pour soupçons de crimes contre l’humanité au Tchad, contre le président de transition, le général Mahamat Idris Deby Itno, qui aurait ordonné le massacre des civils par la garde présidentielle. Ahmat Dary, responsable du renseignement, est parmi les personnalités visées.
La rédaction