Interviews : Aristide Gangpédé répond aux interrogations de la rédaction de Afriki.fr dans son livre intitulé « Les interactions entre les inondations et les maladies liées à l'eau au Tchad ».
Le lien entre les inondations et les maladies liées à l'eau est un enjeu majeur pour la santé publique au Tchad. Nous avons souhaité saisir le concept d'inondation et les affections liées à l'eau. Cette question est traitée par Gangpédé Aristide dans son livre. L'écrivain a donné une entrevue à la rédaction d'Afriki.fr.
1. Salut, Qui êtes-vous exactement ?
Je m'appelle GANGPENDE ARISTIDE et je suis chercheur tchadien. Je suis actuellement en train de faire mon doctorat en Sciences géographiques, spécifiquement en Géographie de la santé, à l'université de N'Djaména au Tchad. Mon domaine de recherche se concentre sur l'eau et la santé.
2 – Vous avez publié une œuvre intitulée Interactions entre inondations et maladies liées à l'eau au Tchad, pourquoi le choix de ce titre ?
G. Aristide :
J'ai choisi ce sujet pour différentes raisons, car il s'agit pour moi d'illustrer la relation complexe entre les inondations, qui sont un phénomène environnemental répandu au Tchad, et les maladies transmissibles par l'eau. En second lieu, la pertinence de cette question qui démontre que les inondations peuvent améliorer la situation sanitaire en favorisant la propagation de pathogènes et en créant des conditions favorables à la propagation de maladies.
Une autre cause est le contexte local, car il est important de souligner que le Tchad est exposé aux inondations en raison de son climat et de sa géographie.
L'ouvrage de Gangpédé ARISTIDE
Il est crucial d'analyser les répercussions de ces événements sur la santé publique afin de saisir les défis auxquels le pays fait face. Et dans le cadre de l'interdisciplinarité, il s'agit de faire le lien entre la géographie, l'hydrologie et la santé publique. Finalement, pourquoi ne pas jouer un rôle ou susciter une prise de conscience et inciter les décideurs politiques à mettre en place des stratégies de prévention et d'adaptation aux crises sanitaires causées par les inondations ?
3. Qu'est-ce que le livre raconte et quels sont les thèmes abordés ?
G. Aristide C'est une analyse des inondations au Tchad qui est ici envisagée. Cela correspond à l'évaluation des éléments clés et des conséquences des inondations sur la santé au Tchad. La section intitulée « Influence des inondations sur la santé » de l'ouvrage examine comment les inondations ont un impact sur la santé des populations.
L'ouvrage décrit les facteurs qui rendent les populations plus vulnérables aux maladies lors des inondations, tels que l'eau contaminée, la création d'habitats pour les moustiques et l'accès restreint aux soins de santé.
L’ouvrage inclut des études de cas spécifiques montrant des exemples concrets d'épidémies ou d'augmentation de maladies en relation avec des événements d'inondations dans la zone d’étude.
Et enfin, pour l’aspect résilience et réponse communautaire, le livre explore également les réponses des communautés locales, y compris les stratégies d'adaptation, les initiatives de santé publique et la manière dont les populations s'organisent pour faire face à ces défis afin de proposer de nouvelles stratégies.
Un aperçu des conséquences des inondations au Tchad (Crédit photo Tchad : Gouvernance politique)
4- Est-ce un problème de santé publique au Tchad ?
G. Aristide En effet, la corrélation entre les inondations et les maladies liées à l'eau représente un enjeu majeur pour la santé publique au Tchad. En ce qui concerne la vulnérabilité géographique, le Tchad se trouve dans une zone extrêmement vulnérable aux événements climatiques, tels que les inondations saisonnières. Les inondations ont un impact sur divers domaines, y compris la santé publique.
Les crues engendrent fréquemment des conditions favorables à la propagation de maladies d'origine hydrique, comme le choléra, le paludisme et d'autres infections qui peuvent se propager dans des eaux cloisonnées. De plus, les surfaces d'eau stagnante sont des zones favorables aux moustiques, ce qui augmente le risque de propagation de maladies vectorielles. Il est important de comprendre que les inondations et les maladies liées à l'eau représentent un défi majeur pour la santé publique au Tchad, nécessitant des interventions multisectorielles et des stratégies adaptées pour améliorer la résilience des populations.
5. Cette année, le Tchad est fortement affecté par des inondations, ce qui a entraîné la perte de l'habitat de familles entières. Selon vous, l'inondation n'est pas un mythe, mais une réalité. Quelles sont les conséquences du changement climatique dans l'avenir ?
G.Aristide: Dans l'avenir, les effets du changement climatique au Tchad, notamment en ce qui concerne les inondations, peuvent avoir des répercussions importantes sur l'environnement et la santé publique. Il est important de souligner que les changements climatiques peuvent perturber les cycles de précipitations, ce qui accroît le risque d'inondations catastrophiques, entraînant la perte d'habitats…
Nous avons vu plus haut que l'augmentation de la fréquence des inondations peut entraîner la propagation de maladies aquatiques. Cela inclut des maladies infectieuses et des problèmes de santé liés à la contamination de l'eau, à des conditions de vie insalubres et à un accès limité aux soins. Le changement climatique pourrait affecter la production agricole en raison de l'augmentation des événements climatiques extrêmes, rendant les communautés plus vulnérables à l'insécurité alimentaire.
Les inondations peuvent également détruire des cultures, exacerber la famine et réduire les moyens de subsistance. Les inondations et les autres conséquences du changement climatique peuvent entraîner des déplacements massifs de populations à la recherche de meilleures conditions de vie. Avec le changement climatique, il sera de plus en plus difficile de gérer les ressources en eau dans certaines localités.
Les inondations peuvent altérer la qualité de l'eau et affecter son approvisionnement, ce qui aura des répercussions sur la santé, l'agriculture et les besoins domestiques. Ce qui confirme mon assertion : l’inondation n’est pas un mythe, mais une réalité qu’il faut prendre au sérieux.
6-Quelles sont les alternatives que vous suggérez ?
G.Aristide: Afin de lutter contre les effets du changement climatique, en particulier en ce qui concerne les inondations et leurs conséquences sur la santé publique et le développement au Tchad, il est possible d'envisager différentes options et stratégies : Il est recommandé d'investir dans des infrastructures robustes, telles que des systèmes de drainage, des barrages et des canaux, afin de gérer les eaux de pluie et les crues.
Construire des maisons fortifiées capables de faire face aux inondations, en employant des matériaux et des méthodes appropriés. Il est essentiel de mettre en place des systèmes de gestion intégrée des ressources en eau afin de garantir un approvisionnement adéquat et de qualité supérieure, même pendant les périodes de déluvion. Encourager la mise en place de méthodes de collecte des eaux de pluie afin de diminuer la dépendance envers les cours d'eau locaux. Mettre en place des systèmes d'alerte précoce pour alerter les communautés en cas de risques d'inondations imminents.
Créer des plans d'urgence comprenant des approches pour les déplacements temporaires des populations touchées par les inondations. Effectuer des campagnes de sensibilisation afin de sensibiliser les populations aux dangers associés aux inondations et aux maladies causées par l'eau. Enseigner aux communautés les méthodes de prévention des maladies et de l'hygiène en cas de crue. Prendre en compte les risques d'inondation et intégrer des solutions naturelles, telles que la création de zones tampon ou de réserves naturelles, dans les politiques de planification urbaine.
Contribuer aux décisions prises par les communautés locales en matière de développement et de gestion des ressources. Les gouvernements, les ONG, les communautés locales et d'autres parties prenantes doivent collaborer pour élaborer ces alternatives. Une planification rigoureuse, associée à une mise en œuvre efficace, sera essentielle pour renforcer la résilience et leur capacité à faire face aux effets du changement climatique au Tchad.
7- Où peut-on se procurer le livre et à quel prix ?
G. Aristide : En attendant la dédicace pour le lancement en version papier, le livre est actuellement en vente en ligne sur le site de la maison d'édition universitaire européenne Amazon, Africa Livre… À 64 euros, soit 43.000 FCFA, en cliquant sur ce lien :
8. S'il y a un message de clôture, quel serait-il ?
G. Aristide : Face aux défis croissants du changement climatique et des inondations au Tchad, il est impératif d'agir avec détermination et solidarité. Chaque action est significative, qu'elle soit individuelle, communautaire ou institutionnelle.
En renforçant nos infrastructures, en adoptant des pratiques durables et en œuvrant pour la santé et la sécurité de nos populations, nous pouvons construire un avenir plus résilient. Ensemble, faisons de la sensibilisation, de l'éducation et de la collaboration des piliers fondamentaux de notre lutte contre les maladies liées à l'eau et les effets indésirables des inondations.
Unis dans nos efforts, nous avons le pouvoir de protéger notre environnement, de préserver la santé de nos communautés et de garantir un développement durable pour les générations futures.
La lutte contre le changement climatique est une responsabilité partagée, et il est temps d'agir pour un Tchad plus sûr et prospère.
Je vous remercie !